Evaluée par la Commission européenne à 990 milliards d’euros par an, tous secteurs confondus, la corruption reste hélas, un phénomène endémique. Et la situation ne va pas s’améliorer ! Selon l’organisation Transparency International, qui a publié, en février 2025, son Indice de Perception de la Corruption (IPC), la situation en France s’est aggravée. L’hexagone a perdu cinq places dans le classement mondial, chutant à la 25e position soit dix rangs derrière l’Allemagne, avec le triste score de 67/100.
La corruption, un monstre tentaculaire qui se nourrit de la complexité
La corruption trouve un terreau favorable dans la multiplicité des interactions entre les entreprises et leurs écosystèmes – qu’il s’agisse des clients, partenaires, fournisseurs ou sous-traitants – tant au niveau national qu’international. La complexité des activités économiques et les volumes massifs de transactions qu’elles génèrent rendent difficile l’identification, l’analyse et l’éradication de la corruption. Bien que des progrès aient été réalisés dans la lutte contre ce fléau, ces avancées restent lentes et inégales, tandis que les pratiques frauduleuses continuent à évoluer.
Entreprises mal préparées et désorganisées : une porte ouverte
Le bilan des entreprises en matière de lutte contre la corruption est préoccupant. L’Agence française anticorruption souligne que de nombreuses organisations présentent des faiblesses structurelles, comme une gouvernance interne floue, une absence de leadership durant les contrôles, ainsi que des moyens humains et matériels insuffisants. De plus, les réseaux de conformité sont parfois inexistants et les fonctions mal définies. Ces lacunes se retrouvent aussi dans l’approche KYC (Know Your Customer), pourtant essentielle pour prévenir la corruption. L’étude de la Commission européenne met en évidence que l’automatisation et la numérisation des procédures KYC affaiblissent les interactions humaines avec les clients, compliquant ainsi l’identification des fraudes.
Plusieurs affaires récentes impliquant des entreprises de grand envergure, comme Paprec, spécialiste du traitement des déchets, la SNCF et IBM ou encore le port de pêche de Lorient…ont mis en lumière la persistance de ce fléau. Selon les données de l’observatoire de l’Agence française anticorruption, près d’un tiers des affaires concernent des dirigeants d’entreprises et des personnes morales de droit privé.
Connaître ses clients et fournisseurs : première ligne de défense contre la corruption
L’approche KYC (Know Your Customer) est non seulement essentielle, mais aussi une obligation légale, en particulier dans le secteur financier. Elle est encadrée par des textes de loi tels que la Directive UE 2015/849, la loi de 2016 renforçant la lutte contre le crime organisé, le terrorisme et leur financement, ainsi que la loi Sapin II de 2016. Cette dernière impose aux entreprises de plus de 500 salariés avec un chiffre d’affaires supérieur à 100 millions d’euros de mettre en place des mesures préventives contre la corruption. L’objectif principal de ces obligations est de renforcer le recueil d’informations et la vérification des identités.
Rappelons que l’approche KYC (Know Your Customer) est un processus utilisé pour vérifier l’identité des clients avant toute relation commerciale. Il repose sur trois piliers : l’identification du client, avec la collecte et la vérification des documents d’identité. Ensuite, l’évaluation du profil et des risques, en fonction des activités du client, de sa situation financière et de l’origine de ses fonds. Enfin, la surveillance continue, avec le suivi des transactions pour détecter des comportements suspects ou inhabituels. Le KYC a son pendant pour les fournisseurs (Know Your Supplier).
KYC et KYS : des atouts indéniables
Pour les entreprises, l’approche du KYC procure de nombreux avantages :
– le renforcement de la sécurité, avec la réduction des risques de fraude et d’usurpation d’identité.
– L’identification de toutes les transactions suspectes.
– La meilleure conformité aux réglementations : les entreprises évitent les sanctions et les amendes en respectant les obligations légales en matière de lutte contre la fraude, la corruption et le blanchiment d’argent. Pour rappel, la corruption dans le secteur privé est passible, pour une personne physique, de cinq ans d’emprisonnement et de 500 000 euros d’amende. Pour une personne morale, l’amende est quintuplée.
– La réduction des risques opérationnels et financiers : en identifiant dès le départ les clients à haut risque, les entreprises peuvent mieux anticiper les problèmes potentiels et éviter des pertes financières.
– L’amélioration de la relation client : un processus KYC bien conçu instaure un climat de confiance entre l’entreprise et ses clients, favorisant une collaboration plus fluide et plus pérenne.
Des risques bien réels
Le KYC est un outil crucial pour garantir la transparence, la sécurité et la conformité des transactions financières et commerciales, tout en permettant d’identifier les clients ou fournisseurs « douteux ». Négliger la connaissance client/fournisseur présente des risques importants. Au-delà des sanctions financières, les conséquences sur l’image d’une entreprise, notamment en cas de médiatisation, peuvent être critiques.
Compliance Officer : un métier d’avenir !
Comment alors réduire les risques liés à la corruption ? Plusieurs stratégies sont à privilégier :
– Analyser et cartographier les risques, en fonction des typologies de clients/fournisseurs : certains profils d’entreprises, d’activités (services achats…) ou zones géographiques sont plus propices aux opérations de corruption. Cela facilite l’appréciation de l’intégrité d’un client ou d’un fournisseur.
– Développer la fonction de Compliance Officer, rattachée à la direction générale. D’après le cabinet de chasseurs de têtes Robert Half, le rôle d’un Compliance Officer est de s’assurer de la bonne mise en œuvre des réglementations et procédures de l’entreprise et de vérifier la conformité des processus. « La place consacrée à la compliance par l’instance dirigeante a une incidence positive sur la manière dont les opérationnels prennent en compte ces enjeux », souligne le cabinet PWC. Les Compliance Officers, qui ont de multiples missions sont notamment très impliqués dans la constitution de partenariats, la conclusion de contrats, les acquisitions et les investissements majeurs.
– Mettre en place un dispositif d’alerte le plus en amont et le plus automatisé possible, même si une intervention humaine est toujours souhaitable, pour éliminer les faux-positifs.
– Investir dans une solution qui garantit que l’organisation connaît ses clients et ses fournisseurs (KYC et KYS), avec des fonctionnalités étendues, notamment : la remédiation KYC (nettoyage et mise à jour des bases de clients et fournisseurs), filtrage des informations et des transactions, détection en temps réel, scoring, évaluation des risques…
La corruption progresse de manière insidieuse, et ses auteurs ne manquent pas de créativité. Pourtant, elle reste souvent perçue comme un problème lointain par les entreprises, qui se croient à l’abri de ces pratiques illégales. Cependant, la réalité montre que cette problématique prend de plus en plus d’importance dans les stratégies de conformité, notamment avec l’essor des métiers de Compliance Officers. Pour lutter efficacement contre la corruption, il est essentiel de déployer des outils adaptés, tels que ceux proposés par AP Solutions.
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